Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
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EddieCochran+
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Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Ven 10 Nov - 16:47
Rappel du premier message :
Comment tout peut s’effondrer
Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes
Pablo Servigne & Raphaël Stevens
Postface d’Yves Cochet
Comment tout peut s’effondrer
Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes
Pablo Servigne & Raphaël Stevens
Postface d’Yves Cochet
Et si notre civilisation s’effondrait ? Non pas dans plusieurs siècles, mais de notre vivant. Loin des prédictions Maya et autres eschatologies millénaristes, un nombre croissant d’auteurs, de scientifiques et d’institutions annoncent la fin de la civilisation industrielle telle qu’elle s’est constituée depuis plus de deux siècles. Que faut-il penser de ces sombres prédictions ? Pourquoi est-il devenu si difficile d’éviter un tel scénario ? Dans ce livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens décortiquent les ressorts d’un possible effondrement et proposent un tour d’horizon interdisciplinaire de ce sujet – fort inconfortable – qu’ils nomment la « collapsologie ». En mettant des mots sur des intuitions partagées par beaucoup d’entre nous, ce livre redonne de l’intelligibilité aux phénomènes de « crises » que nous vivons, et surtout, redonne du sens à notre époque. Car aujourd’hui, l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. L’effondrement est l’horizon de notre génération, c’est le début de son avenir. Qu’y aura-t-il après ? Tout cela reste à penser, à imaginer, et à vivre
- EddieCochran+
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Ven 27 Juil - 0:24
49 -
Si c'est vous qui le dites je me range à votre avis. A la condition sine qua non que les rousses soient dans les 10%, sinon je ne marche pas !
Younes Terre a écrit:EddieCochran+ a écrit:33 -
Il est grand temps de créer partout dans le monde des réserves d'ADN et de "semences" de tout ce qui est vivant. Pour les bipèdes ce n'est pas la peine, ils sont trop nombreux, en laisser les 3 quarts en route ne fera que du bien à la Planète.
(Sauf qu'il est important de protéger le génome des rousses !)
10% de la population mondiale est responsable de 90 % de la pollution à cause de sa surconsommation! Il faut donc souhaiter la mort de la moitié de des 90% restant pour que les 10% puissent continuer à vivre au dessus des moyens de la planète .
Si c'est vous qui le dites je me range à votre avis. A la condition sine qua non que les rousses soient dans les 10%, sinon je ne marche pas !
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Ven 27 Juil - 10:47
« il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l'environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l'effondrement
Lettre Encyclique « Laudato si’ » du Saint-Père François sur la sauvegarde de la maison commune, Vatican, 2015, 192 p
- Kalawasa
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Ven 27 Juil - 12:04
Peu me chaut que l'espèce humaine disparaisse,ainsi que not' planète, not' système solaire, not' galaxie, not' univers ainsi que les univers parallèles (qu'ils soient à 4 ou 11 dimensions ) : de toute façon, tout est déjà programmé ....
Je reconnais humblement que si tout le monde vivait comme moi, on n'aurait pas encore mis le pied sur la lune, mais on s'emmerderait moins sur terre ..
PS : Younes, je sais que tu vas dire que j'abuse de ta patience, mais j'ai juste une question : as-tu une définition du temps ?
Je reconnais humblement que si tout le monde vivait comme moi, on n'aurait pas encore mis le pied sur la lune, mais on s'emmerderait moins sur terre ..
PS : Younes, je sais que tu vas dire que j'abuse de ta patience, mais j'ai juste une question : as-tu une définition du temps ?
- EddieCochran+
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Sam 28 Juil - 0:26
52 -
Encore faudrait-il que notre ami trouve le temps....
Kalawasa a écrit:(...)
PS : Younes, je sais que tu vas dire que j'abuse de ta patience, mais j'ai juste une question : as-tu une définition du temps ?
Encore faudrait-il que notre ami trouve le temps....
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Lun 6 Aoû - 21:09
- Kalawasa
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Lun 6 Aoû - 23:06
La Clémentine a inventé l'eau tiède, prêche à converti, enfonce des portes ouvertes, balance de vieilles antiennes....Elle a évidemment raison, mais applique-t-elle ses préconisations ? Perso, je fais un maxi pour favoriser les productions locales...
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Mar 7 Aoû - 21:50
Kalawasa a écrit:La Clémentine a inventé l'eau tiède, prêche à converti, enfonce des portes ouvertes, balance de vieilles antiennes....Elle a évidemment raison, mais applique-t-elle ses préconisations ? Perso, je fais un maxi pour favoriser les productions locales...
Sans doute en bonne bobo parisienne sans doute elle consomme bio doit avoir adhéré à une Amap..mais après? culpabiliser les gens , faire croire que en agissant en marge on peut contre balancer les traités de libre échange ?
L"usine du marchand de shampoing , elle est en France?
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Jeu 9 Aoû - 21:56
Kalawasa a écrit:La Clémentine a inventé l'eau tiède, prêche à converti, enfonce des portes ouvertes, balance de vieilles antiennes....Elle a évidemment raison, mais applique-t-elle ses préconisations ? Perso, je fais un maxi pour favoriser les productions locales...
Et aller faire fabriquer ses fromages en Pologne pour les réimporter en France ?
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 2 Sep - 0:06
Théorie de l'effondrement : quel lien avec la démission de Nicolas Hulot ?
31 AOÛ 2018
Nicolas Hulot a démissionné en direct sur France Inter ce mardi 28 août et expliqué longuement le pourquoi de cette décision. De nombreux concepts reliés aux "théories de l'effondrement" ont été cités par le ministre démissionnaire pour justifier son impuissance. Nicolas Hulot a-t-il a annoncé la fin de la civilisation industrielle, sans le dire ?
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- EddieCochran+
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 2 Sep - 1:35
58 -
Je crois surtout que ce qui est effondré c'est la crédibilité de Nicholo Salut en tant que faiseux plutôt que comme diseux...
Je crois surtout que ce qui est effondré c'est la crédibilité de Nicholo Salut en tant que faiseux plutôt que comme diseux...
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 2 Sep - 19:14
EddieCochran+ a écrit:58 -
Je crois surtout que ce qui est effondré c'est la crédibilité de Nicholo Salut en tant que faiseux plutôt que comme diseux...
Nicolas Hulot, démissionnaire irresponsable
28 AOÛT 2018 PAR OLIVIER TONNEAU BLOG : LETTRES D'UN ENGAGÉ À SES AMIS QU'IL DÉRANGE
Par un incroyable tour de force, Nicolas Hulot, démissionnaire, parvient à imputer ses échecs à l'opposition et à la société tout entière plutôt qu'au gouvernement. Une faillite politique, intellectuelle et morale.
« Je souhaite que personne, personne ne fustige le gouvernement ». Nicolas Hulot, au moment même où il quitte le gouvernement, réussit le tour de force de le défendre, coupant ainsi l’herbe sous le pied de ceux qui voudraient en faire la critique. Il loue d’ailleurs « l’affection, la loyauté, la fidélité » dont ont fait preuve à son égard le premier ministre et le président de la république avant de demander : « au quotidien, qui j’ai eu pour me défendre ? » Il répond à sa propre question en accusant l’opposition qui n’a pas su « se hisser au dessus de la mêlée pour se rejoindre sur l'essentiel » et même la « société » qui n’est pas descendue dans la rue pour le soutenir. Incroyable retournement des rôles, qui repose sur un escamotage digne du fameux éléphant dans la pièce : contre qui l’opposition et la société étaient-ils censés défendre Nicolas Hulot, sinon contre ce gouvernement affectueux, loyal et fidèle ?
Défendre Nicolas Hulot, en quoi cela aurait-il dû consister, sinon faire en toutes occasions pression pour affermir les mesures de protection de l’environnement – en proposant l’inscription de la règle verte dans la constitution, en exigeant l’interdiction ferme et immédiate du glyphosate, en luttant pour l’interdiction de la pêche électrique, en combattant la réduction des aides à la reconversion des agriculteurs vers des modèles bio, en luttant aussi contre le démantèlement du rail et la privatisation des barrages ? C’est ce qu’a fait, tout au long des dix-huit mois qui viennent de s’écouler, la France Insoumise. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
- Kalawasa
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 2 Sep - 19:23
Younes a écrit:C’est ce qu’a fait, tout au long des dix-huit mois qui viennent de s’écouler, la France Insoumise.
Des mauvaises langues prétendent que Mélenchon était le conseiller occulte de Maduro ....(perso, je pense que c'est un peu gros...)
- EddieCochran+
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 2 Sep - 20:13
61 -
[/quote]
La stratégie de LFI est semblable à la critique humoristique que l'on faisait du marxisme léninisme : "Donne-moi ta montre, je te vendrai l'heure !".
C'est si facile de faire la politique du contre-pied systématique et de proposer des trucs dont aucun argent existe pour les financer, sauf à créer de la dette et ensuite annoncer publiquement qu'elle ne sera pas honorée. Il n'y a quand même pas inscrit Khôn sur le front des bailleurs de fonds. !
Younes Terre a écrit:(...)C’est ce qu’a fait, tout au long des dix-huit mois qui viennent de s’écouler, la France Insoumise. https://blogs.mediapart.fr/olivier-tonneau/blog/280818/nicolas-hulot-demissionnaire-irresponsable
[/quote]
La stratégie de LFI est semblable à la critique humoristique que l'on faisait du marxisme léninisme : "Donne-moi ta montre, je te vendrai l'heure !".
C'est si facile de faire la politique du contre-pied systématique et de proposer des trucs dont aucun argent existe pour les financer, sauf à créer de la dette et ensuite annoncer publiquement qu'elle ne sera pas honorée. Il n'y a quand même pas inscrit Khôn sur le front des bailleurs de fonds. !
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Mer 5 Sep - 20:10
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Mer 5 Sep - 20:25
RUFFIN, SALAMÉ, LES HIRONDELLES ET LE MÉPRIS
Rugy ministre : "Il faut vraiment perdre de la salive et du temps à parler de ça ?" demande François Ruffin à Léa Salamé. Ruffin vient d'évoquer la disparition des hirondelles. Il se demande si ses enfants verront encore des hirondelles. Mais on n'est pas au micro le plus écouté de France pour parler de la disparition des hirondelles. Salamé sait bien qu'elle ne décrochera aucune reprise AFP sur les hirondelles. Salamé à Ruffin : "C'est un peu méprisant de dire ça. Je ne suis pas le porte-parole de François de Rugy, mais c'est son engagement premier, l'écologie. Vous le disqualifiez d'avance".
C'est peu dire que le mépris n'est pas médiatique. Le mépris est mal porté. Le mépris, c'est le mistigri. Il importe, dans toute polémique publique, de soigneusement le dissimuler, et de le refiler à l'adversaire. Il faut donc examiner sans mépris ce reproche de Léa Salamé. Sans doute un certain nombre d'auditeurs de France Inter (et peut-être d'abonnés à ASI) se disent-ils aussi, au fond d'eux-mêmes, qu'il serait bon de "donner sa chance" au nouveau ministre. Mais ce n'est pas "disqualifier d'avance" une personnalité, que de faire une analyse élémentaire des rapports de force politiques et économiques. Avec tout le poids de sa popularité, Hulot a pu faire illusion, y compris à ses propres yeux. Sans aucune popularité, sans mouvement politique derrière lui, portant au contraire le poids de sa trahison personnelle de Hamon à la présidentielle, Rugy n'est rien, et la seule nomination de cette personnalité insignifiante (soit dit au sens étymologique, sans mépris aucun) montre assez que le macronisme est nu. Pas besoin d'ailleurs d'avoir recours à la biographie de François de Rugy, ni aux escarmouches Ruffin-Rugy à l'Assemblée (voir notre émission sur le sujet avec François Ruffin), pour savoir que toute minute passée à écouter Rugy est une minute perdue. Pas besoin de rappeler sa trahison de Hamon. Il suffit d'écouter ses premiers mots de ministre.
"Je suis convaincu que l'écologie est une opportunité" dit-il sur le perron de son ministère, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs. Une opportunité. Blague ? Non. Ce sont bien ses premiers mots : "je suis convaincu que l'écologie est une opportunité", lance-t-il, dans le lourd silence qui suit les éloquentes larmes de Hulot. Quelle chance historique, que cette forte conviction ! Il faut imaginer, sur le pont du Titanic, un Monsieur sérieux, pondéré, pragmatique, constructif : "je suis convaincu que les gilets de sauvetage sont une opportunité. Quant aux canots, ils devraient être plus confortables. Et sur la couleur des bancs, il faudrait faire une vaste consultation démocratique, combler le fossé qui oppose parfois armateurs et passagers." Qu'ajouter ?
- EddieCochran+
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Mer 5 Sep - 20:34
64 -
J'attends avé gourmandise le jour quand Franz Ruffian proposera un programme construit, pertinent et viable, lui qui méprise le droit, à se demander ce qu'il fait au sein du pouvoir législatif...
J'attends avé gourmandise le jour quand Franz Ruffian proposera un programme construit, pertinent et viable, lui qui méprise le droit, à se demander ce qu'il fait au sein du pouvoir législatif...
- Kalawasa
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Mer 5 Sep - 21:55
Je viens de voir un reportage sur le désert de....(je ne me souviens plus du nom ), en Haute Savoie. Il s'agit d'une immense zone de pierre qui était recouverte d'un glacier il y a des milliers d'années .
Actuellement, les glaciers disparaissent (à cause de l'homme) ,mais avant ?
Actuellement, les glaciers disparaissent (à cause de l'homme) ,mais avant ?
- EddieCochran+
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Mer 5 Sep - 23:32
66 -
Ils disparaissaient par manque d'hommes. Ça leur prenait un temps fou.
Kalawasa a écrit:Je viens de voir un reportage sur le désert de....(je ne me souviens plus du nom ), en Haute Savoie. Il s'agit d'une immense zone de pierre qui était recouverte d'un glacier il y a des milliers d'années .
Actuellement, les glaciers disparaissent (à cause de l'homme) ,mais avant ?
Ils disparaissaient par manque d'hommes. Ça leur prenait un temps fou.
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Sam 8 Sep - 16:40
EddieCochran+ a écrit:64 -
J'attends avé gourmandise le jour quand Franz Ruffian proposera un programme construit, pertinent et viable, lui qui méprise le droit, à se demander ce qu'il fait au sein du pouvoir législatif...
En attendant vous pensez que le programme de Macron est pertinent , construit et surtout viable? j à plus d'une échéance électorale ( et encore parfois je me demande si Macron a l'ambition d'être réélu ou si il c'est juste donné 5 ans pour détruire de façon irrémédiable le modèle français qui fait tache dans une Europe libérale) .
Mais quand Hulot dit que écologie et libéralisme sont incompatible et en même temps qu'ils souhaite que la politique libérale de Macron réussisse personne n'y voit de contradiction et tous le monde encens Hulot , même JLM très indulgent avec son ami...
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Sam 8 Sep - 16:44
L’effondrement imminent. Par Chris Hedges
L’administration Trump n’est pas apparue, de prime abord, comme une Vénus sortant des eaux sur un coquillage. Donald Trump est l’aboutissement d’un long processus de déclin politique, culturel et social. Il est le produit de l’échec de notre démocratie. Plus nous perpétuons la fiction selon laquelle nous vivons dans une démocratie qui fonctionne, Trump et les mutations politiques qui l’accompagnent étant, en quelque sorte, une aberration qui peut être surmontée lors des prochaines élections, plus nous nous précipitons vers la tyrannie. Le problème, ce n’est pas Trump, mais un système politique, dominé par le pouvoir des entreprises et les mandarins des deux principaux partis politiques, dans lequel nous ne comptons pas. Nous récupérerons le contrôle politique en démantelant cet État qui est au service des entreprises, ce qui passe par une désobéissance civile massive et s’inscrivant dans la durée, comme celle exprimée cette année par les enseignants partout dans le pays. Si nous ne résistons pas, nous allons vers un nouvel âge des ténèbres.
L’administration Trump n’est pas apparue, de prime abord, comme une Vénus sortant des eaux sur un coquillage. Donald Trump est l’aboutissement d’un long processus de déclin politique, culturel et social. Il est le produit de l’échec de notre démocratie. Plus nous perpétuons la fiction selon laquelle nous vivons dans une démocratie qui fonctionne, Trump et les mutations politiques qui l’accompagnent étant, en quelque sorte, une aberration qui peut être surmontée lors des prochaines élections, plus nous nous précipitons vers la tyrannie. Le problème, ce n’est pas Trump, mais un système politique, dominé par le pouvoir des entreprises et les mandarins des deux principaux partis politiques, dans lequel nous ne comptons pas. Nous récupérerons le contrôle politique en démantelant cet État qui est au service des entreprises, ce qui passe par une désobéissance civile massive et s’inscrivant dans la durée, comme celle exprimée cette année par les enseignants partout dans le pays. Si nous ne résistons pas, nous allons vers un nouvel âge des ténèbres.
- suite :
- Le Parti Démocrate, qui a aidé à construire notre système de totalitarisme inversé, est une fois de plus considéré comme le sauveur par une frange importante de la gauche. Pourtant, le parti refuse constamment de s’attaquer à l’inégalité sociale qui a mené à l’élection de Trump et à l’insurrection incarnée par Bernie Sanders. Il est sourd, muet et aveugle aux souffrances économiques, bien réelles, qui touchent plus de la moitié du pays. Il ne se battra pas pour que les travailleurs perçoivent un salaire décent. Il ne mettra pas l’industrie pharmaceutique et les sociétés d’assurances en demeure de fournir une assurance-maladie pour tous. Il ne jugulera pas l’appétit vorace des militaires qui saignent le pays à blanc et encouragent la poursuite, à l’étranger, de guerres vaines et coûteuses. Il ne rétablira pas nos libertés publiques perdues, comme les droits à la vie privée, à l’absence de surveillance gouvernementale et à l’application régulière de la loi. Il ne supprimera pas le financement de la politique par l’argent des entreprises et les circuits financiers opaques. Il ne démilitarisera pas notre police et ne réformera pas un système carcéral qui compte 25 % des prisonniers du monde, alors que les États-Unis ne comptent que pour 5 % de la population mondiale. Il tourne autour du pot, surtout en période électorale, refuse de s’attaquer à des problèmes politiques et sociaux essentiels, préférant se concentrer sur des questions culturelles de portée limitée comme les droits des homosexuels, l’avortement et le contrôle des armes à feu, dans cette espèce d’anti-politique qui nous est propre.
C’est une tactique vouée à l’échec, mais compréhensible. La direction du parti, les Clinton, Nancy Pelosi, Chuck Schumer, Tom Perez, sont des créations de l’Amérique des affaires. Dans un processus politique ouvert et démocratique, qui ne serait pas dominé par les élites des partis et l’argent des entreprises, ces personnes ne détiendraient pas le pouvoir politique. Ils le savent. Ils préféreraient faire imploser tout le système plutôt que de renoncer à leurs positions privilégiées. Et c’est, je le crains, ce qui arrivera. L’idée que le Parti Démocrate constitue un quelconque rempart contre le despotisme est contredit par son activité politique de ces trois dernières décennies. Il est le garant du despotisme.
Trump a puisé dans la haine que des pans entiers de la population américaine voue au système politique et économique qui les a trahis. Il est peut être incompétent, dégénéré, malhonnête et narcissique, mais il ridiculise habilement le système que ces gens méprisent. Ses railleries cruelles et humiliantes dirigées contre les agences gouvernementales, les lois et les élites en place trouvent un écho chez ceux pour qui ces agences, ces lois et ces élites sont devenues des forces hostiles. Et pour ceux, nombreux, qui ne voient aucun changement dans le paysage politique pour soulager leurs souffrances, la cruauté et les invectives de Trump procurent au moins un sentiment de défoulement.
Comme tous les despotes, Trump ne suit pas de code moral. Il choisit ses alliés et les personnes qu’il nomme en fonction de leur loyauté personnelle et de leur obséquiosité à son égard. Il se débarrassera de n’importe lequel d’entre eux. Il est corrompu, amasse de l’argent personnellement – il a gagné 40 millions de dollars grâce à son seul hôtel de Washington l’an dernier – et pour ses alliés du monde des affaires. Il est en train de démanteler les institutions gouvernementales qui assuraient autrefois une certaine régulation et une certaine surveillance. C’est un ennemi de la société ouverte. Ce qui le rend dangereux. Son assaut appuyé contre les derniers vestiges des institutions et normes démocratiques signifie qu’il n’y aura bientôt plus rien, même plus de mots, pour nous protéger du totalitarisme des grandes entreprises.
Mais les mises en garde des architectes de notre démocratie ratée contre le fascisme rampant, dont celles de Madeleine Albright, sont risibles. Elles montrent à quel point les élites sont désormais déconnectées de l’esprit du temps. Aucune de ces élites n’est crédible. Elles ont construit l’édifice de mensonge, de tromperie et de pillage d’entreprise qui a rendu Trump possible. Et plus Trump dénigre ces élites, plus elles crient comme Cassandre, et plus il sauve sa présidence désastreuse et permet aux kleptocrates de piller le pays à mesure qu’il se désintègre à vitesse grand V.
La presse est l’un des principaux piliers du despotisme de Trump. Elle bavarde à l’infini, comme les courtisans du XVIIIe siècle à la cour de Versailles sur les faiblesses du monarque pendant que les paysans manquaient de pain. Elle ressasse à l’infini des sujets creux, comme l’ingérence russe et le paiement d’une actrice porno, qui n’ont rien à voir avec l’enfer quotidien qu’est la vie de beaucoup d’américains. Elle refuse de critiquer ou d’enquêter sur les abus de pouvoir des grandes sociétés, qui ont détruit notre démocratie et notre économie et orchestré le plus grand transfert de richesse, vers le haut, de l’histoire des États-Unis. La presse institutionnelle est tombée en ruines pour avoir accepté un suicide culturel en contrepartie d’argent et d’un maintien de ses entrées. Et quand Trump l’attaque pour ses « fake news », il exprime, une fois de plus, la haine profonde de tous ceux que la presse ignore. La presse idolâtre Mammon aussi servilement que Trump le vénère lui-même. Elle adore la présidence de la télé-réalité. Les médias, en particulier les émissions des chaînes du câble, laissent les lumières allumées en continu et les caméras tourner pour que les téléspectateurs restent collés à cette version du 21e siècle du « Cabinet du Dr Caligari » (NdT : Film d’horreur muet des années 20, style expressioniste)). C’est bon pour l’audience. C’est bon pour les profits. Mais ça accélère le déclin.
Tout cela sera bientôt amplifié par l’effondrement financier. Depuis la crise financière de 2008, les banques de Wall Street ont reçu 16 000 milliards de dollars en renflouements et autres subventions de la Réserve fédérale et du Congrès, à un taux d’intérêt quasi nul. Elles ont utilisé cet argent, ainsi que celui économisé grâce aux baisses d’impôts massives accordées l’an dernier, pour racheter leurs propres actions, augmenter la rémunération et les primes de leurs dirigeants et plonger toujours plus profondément la société dans une servitude pour dettes insoutenable. À lui seul, le casino de Sheldon Adelson a bénéficié d’un allégement fiscal de 670 millions de dollars grâce à la législation de 2017. Le ratio entre le salaire du PDG et celui des travailleurs est maintenant en moyenne de 339 pour 1, l’écart le plus élevé approchant les 5 000 pour 1. Karl Marx appelait cette utilisation circulaire de l’argent, où il est émis pour être accumulé, le « capital fictif ». L’augmentation constante de la dette publique, de la dette des entreprises, de celle des cartes de crédit et des prêts étudiants mènera, comme l’écrit Nomi Prins, à « un point de basculement – quand l’argent qui entre pour alimenter cette dette, ou qui est disponible pour emprunter, ne couvrira même pas le paiement des intérêts. A ce moment-là, les bulles des dettes éclateront, à commencer par les obligations à haut rendement ».
Une économie dont la croissance dépend de la dette fait grimper notre taux d’intérêt pour un retard de paiement par carte de crédit à 28%. C’est pourquoi nos salaires stagnent ou diminuent en termes réels – si nous gagnions un revenu durable, nous n’aurions pas besoin d’emprunter de l’argent pour survivre. C’est pourquoi les études universitaires, les logements, les soins médicaux et les services publics coûtent si cher. Le système est conçu pour que nous ne puissions jamais nous libérer de la dette.
Toutefois, le prochain krach financier, comme le souligne Prins dans son livre « Collusion : How Central Bankers Rigged the World » [Comment les banquiers centraux ont manipulé le monde, NdT], ne ressemblera pas au précédent. Parce que, comme elle le dit, « il n’y a pas de plan B ». Les taux d’intérêt ne peuvent pas être plus bas. L’économie réelle n’a pas connu de croissance. La prochaine fois, il n’y aura pas d’issue. Une fois que l’économie se sera effondrée, que la rage se sera transformée en tempête à travers tout le pays, les monstres politiques feront leur apparition, des monstres en comparaison desquels Trump paraîtra avisé et bienveillant.
Alors, pour citer Vladimir Lénine, que faut-il faire?
Nous devons consacrer notre énergie à bâtir des institutions populaires parallèles pour nous protéger, et pour exercer un contre-pouvoir. Ces institutions parallèles, qui comprendront des syndicats, des organisations de développement communautaire, des monnaies locales, des partis politiques alternatifs et des coopératives alimentaires, devront être mises en place ville par ville. Dans cette période de grande détresse, les élites se retrancheront dans leurs résidences protégées et nous laisseront nous débrouiller tout seuls. Les services de base, de la collecte des ordures au transport public, à la distribution de nourriture et aux soins de santé, vont s’effondrer. Le chômage et le sous-emploi massifs déclencheront des troubles sociaux et seront traités non pas par la création d’emplois publics, mais par la brutalité d’une police militarisée et par la suspension complète des libertés civiles. Les critiques du système, déjà marginalisés, seront réduits au silence et attaqués en tant qu’ennemis de l’État. Les derniers vestiges des syndicats seront visés avec, pour objectif, leur abolition, un processus qui va bientôt s’accélérer avec la décision attendue, dans une affaire jugée devant la Cour suprême, qui paralysera la capacité des syndicats du secteur public à représenter les travailleurs. Le dollar cessera d’être la monnaie de réserve mondiale, provoquant une forte dévaluation. Les banques fermeront. Le réchauffement climatique entraînera des coûts de plus en plus lourds, en particulier pour les populations côtières, l’agriculture et les infrastructures. Des coûts que l’État appauvri ne pourra pas prendre en charge. La presse institutionnelle, comme les élites dirigeantes, virera du burlesque à l’absurde. Sa rhétorique, si manifestement fausse, sera déconnectée de la réalité, comme dans tous les États totalitaires. Les médias paraîtront tous aussi ridicules que Trump. Et, pour citer W.H. Auden, « les petits enfants mourront dans la rue ».
Comme correspondant à l’étranger, j’ai couvert des sociétés effondrées, y compris l’ex-Yougoslavie. Il est impossible, pour n’importe quelle population condamnée, de saisir à quel point un système financier, social et politique en ruine est fragile à la veille de son implosion. Tous les signes avant-coureurs de l’effondrement sont visibles : infrastructures qui tombent en ruine, sous-emploi et chômage chroniques, recours aveugle à la force meurtrière par la police, paralysie et stagnation politiques, économie fondée sur une accumulation de dettes, fusillades de masse nihilistes dans des écoles, des universités, des lieux de travail, des centres commerciaux, des salles de concert et des cinémas, surdoses d’opioïdes qui tuent quelque 64 000 personnes par an, épidémie de suicides, expansion militaire insoutenable, développement économique et les recettes publiques reposant sur l’outil ultime qu’est devenu le jeu, accaparement du pouvoir par une petite clique corrompue, censure, réduction physique des institutions publiques, des écoles aux bibliothèques, des tribunaux aux installations médicales, bombardement incessant par des hallucinations électroniques afin de détourner notre attention de la vue déprimante de ce qu’est devenue l’Amérique et nous enfermer dans un monde d’illusions. Nous souffrons des pathologies habituelles de la mort imminente. J’aimerais me tromper. Mais j’ai déjà vu ça avant. Je connais les signes avant-coureurs. Tout ce que je peux dire, c’est « soyez prêts ».
Source : Truthdig, Chris Hedges, 20-05-2018
- Kalawasa
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Sam 8 Sep - 20:15
La théorie de l'incompatibilité de d'écologie et du libéralisme est très à la mode, alors qu'i n'y a aucune raison qu'ils ne puissent pas cohabiter, à condition d'ajouter un ingrédient : le bon sens , la chose la moins bien partagée du monde !
La meilleure preuve que le libéralisme et l’écologie ne sont pas inconciliables, a été illustrée par la personnalité même de Bertrand de Jouvenel. On le souligne rarement, c’est à ce théoricien du libéralisme qu’on doit l’expression « écologie politique ». Dans un texte publié en 1957, « l’économie politique de la gratuité », premier chapitre de sa somme écologique, « Arcadie, essai sur le mieux-être », il mettait en garde ses amis libéraux : « les champions de la libre entreprise seraient bien inspirés en exigeant de ces entreprises (polluantes) des mesures préventives contre ces dommages, faute de quoi la nécessité de les réparer conduira inévitablement au développement des pouvoirs publics en ce domaine. »
...et si les pouvoirs publics s'en mêlent, les intérêts des politicards reprendront le dessus, que le système soit libéral ou communiste...Les exemples foisonnent dans ce domaine !
La meilleure preuve que le libéralisme et l’écologie ne sont pas inconciliables, a été illustrée par la personnalité même de Bertrand de Jouvenel. On le souligne rarement, c’est à ce théoricien du libéralisme qu’on doit l’expression « écologie politique ». Dans un texte publié en 1957, « l’économie politique de la gratuité », premier chapitre de sa somme écologique, « Arcadie, essai sur le mieux-être », il mettait en garde ses amis libéraux : « les champions de la libre entreprise seraient bien inspirés en exigeant de ces entreprises (polluantes) des mesures préventives contre ces dommages, faute de quoi la nécessité de les réparer conduira inévitablement au développement des pouvoirs publics en ce domaine. »
...et si les pouvoirs publics s'en mêlent, les intérêts des politicards reprendront le dessus, que le système soit libéral ou communiste...Les exemples foisonnent dans ce domaine !
- Younes Terre
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Sam 8 Sep - 22:07
Kalawasa a écrit:et si les pouvoirs publics s'en mêlent, les intérêts des politicards reprendront le dessus, que le système soit libéral ou communiste...Les exemples foisonnent dans ce domaine !
Les politiques ont bon dos !
Financement des partis ou le jeu très trouble de l'Etat Français
Par Léa Lejeune le 03.09.2018
L'économiste Julia Cagé, autrice d'un essai remarqué sur le financement de la presse (" Sauvez les médias ") et enseignante à Sciences Po, publie début septembre 2018 chez Fayard " Le Prix de la démocratie ", une enquête économique coup de poing sur le financement des partis politiques.
Dans « Le Prix de la démocratie », vous analysez de façon très critique le mode de financement des partis politiques, même en France où il est très encadré. Qu’est-ce qui ne va pas ?
On constate aujourd'hui un rejet du jeu politique, de nombreux électeurs ne se déplacent plus aux urnes, d'autres votent pour des partis populistes d'extrême-gauche ou d'extrême-droite parce qu'ils ne se sentent plus représentés par les femmes et hommes politiques. En partie parce qu'ils ont le sentiment d'une capture du jeu démocratique par les intérêts privés, même s'ils ne le formulent pas forcément comme ça.
Je pensais que la France était un exemple démocratique : on limite la somme qu'on peut donner aux partis politiques, parce que le principe " une personne, une voix " prime sur un euro une voix ". J'ai voulu vérifier si on limite bien le poids du financement privé des partis en France et comparer avec ce qu'il se passe en Italie, en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis. Ce que je découvre par des analyses de corpus de données chiffrées et historiques, c'est qu'on vit plus ou moins dans un nouveau système censitaire où le cens caché vient du poids des financements privés.
- Spoiler:
- Comment en est-on arrivé là ?
Dans certains pays démocratiques, il n'y a aucune limite aux montants que peuvent donner les individus et les entreprises aux partis et aux campagnes électorales. C'est le cas aux Etats-Unis, mais aussi en Grande-Bretagne et en Allemagne. Une poignée de familles et d'individus contribue au jeu politique à hauteur d'une dizaine, voire d'une centaine de millions d'euros. Ce n'est pas un hasard si l'Allemagne est l'un des deux seuls pays européens qui n'a toujours pas interdit la publicité sur le tabac : l'entreprise Philip Morris finance tous les partis politiques de droite, comme de gauche.
En France, on a fixé des limites aux dons, mais elles sont extrêmement élevées. C'est 4600 euros pour une campagne, 7500 euros pour les dons aux partis par an. Considérer que 7500 euros ce n'est pas beaucoup, cela montre la déconnexion des élites par rapport à la réalité. C'est la moitié du salaire annuel d'un smicard. Même un militant politique très engagé va avoir du mal à sortir cette somme. C'est un privilège réservé aux Français qui font partie des 1% aux revenus les plus élevés.
Au-delà de ça, on a mis en place un système absurde, injuste, inefficace, inégalitaire et régressif qui fait que l'Etat paie pour satisfaire les préférences politiques des plus riches, pas celles des plus pauvres.
Alors évidemment, cela ne se fait pas directement par un cadeau de l’Etat. Comment cela se met-il en place ?
Cela passe par la déduction fiscale. Si vous êtes dans les 1% des Français aux revenus les plus élevés et que vous donnez 7500 euros à un parti politique, l'Etat va en payer les deux tiers, puisqu'il va vous rembourser ce don à hauteur de 66%. A l'arrivée, cela coûte 5000 euros à l'ensemble des contribuables et, à vous qui êtes dans le 1%, cela ne vous coûte que 2500 euros. Une personne au SMIC ne donnera jamais cette somme, mais imaginons qu'il s'agisse d'un militant qui donne 300 euros par an. Quel va être le coût pour lui ? 300 euros s'il n'est pas imposable au titre de l'impôt sur le revenu. Dans ce système, l'ensemble des contribuables paie pour satisfaire les préférences politiques des plus riches. On marche littéralement sur la tête.
Plus encore, ces dons profitent majoritairement aux partis les plus conservateurs qui mènent ensuite des politiques économiques visant à réduire les impôts directs…
Comment pouvez-vous affirmer que cet argent va modifier le contenu des programmes politiques ?
C'est ce que montrent les travaux économiques de ces dernières années. Une étude de Martin Gilens, professeur à Princeton, montre que les hommes politiques américains répondent aux préférences des citoyens en fonction de leur niveau de revenu. Tout y passe : salaire minimum, niveau de taxation, guerre en Irak, avortement, mariage pour tous, etc. Seuls les plus favorisés sont satisfaits. La seule variable qui permet de l'expliquer c'est qu'ils contribuent bien plus au financement des partis.
Ce principe fait le drame de la gauche. Aujourd'hui, elle perd dans les urnes, parce qu'elle est en train de perdre son électorat qui réalise que le personnel politique de gauche ne mène plus de politique économique de gauche – c'est-à-dire en direction des classes populaires et moyennes – parce qu'il mène une course aux financements privés. Hillary Clinton aux Etats-Unis l'a appris à ses dépens. Les programmes politiques des Démocrates ces dernières années se sont complètement déportés vers la droite économiquement parce qu'ils reçoivent des dons des banques, des patrons de la tech et des revenus les plus élevés.
C'est aussi ce qui est arrivé à Matteo Renzi en Italie ou à Tony Blair au Royaume-Uni. Le parti travailliste qui était financé par un syndicat s'est fait financer par des entreprises, ce qui a marqué un vrai tournant.
Peut-on aussi faire ce reproche au Parti socialiste français ?
Oui, l'ex-président François Hollande a mis en place le CICE comme première mesure forte de son quinquennat. C'était un cadeau aux entreprises qui n'a, au final, pas créé d'emplois et dont le coût a pesé sur les classes moyennes et populaires puisqu'il l'a financé par une augmentation de la TVA. Pas étonnant que ses électeurs populaires l'aient ensuite boudé. Il a mis en œuvre des politiques pour satisfaire les préférences économiques des entreprises plutôt que les leurs.
Mais ces entreprises n’étaient pas forcément ses financeurs…
Pas directement parce que les entreprises n'ont pas le droit de financer les partis en France, mais il a satisfait aux préférences de leurs dirigeants. On ne peut pas faire le lien directement cependant car, en France, les dons sont anonymes.
En Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, même au Brésil et en Inde, on connaît l'identité des individus et entreprises qui donnent aux partis politiques. Pas chez nous. Cette question a été centrale pendant la dernière élection présidentielle où la presse a demandé à plusieurs reprises à Emmanuel Macron qui finançait sa campagne.
Le déficit de transparence dans le système français pose question. J'étudie les dons et données fiscales des Français, avec l'accord de Bercy, mais via un boîtier qui anonymise toutes les informations. Je ne peux pas vous dire telle personne a fait un chèque à Hollande et obtenu telle mesure en échange. Mais Hollande a mis en place des mesures de politiques économiques libérales alors que le Parti socialiste se lançait dans la course aux financements privés. Il a échoué, en partie, parce qu'il en a reçu beaucoup moins que les Républicains ou la République en marche.
Avez-vous un exemple concret où le financement a influencé une élection ?
L'exemple le plus frappant, ce sont les législatives de 1997, souvent appelées ‘l'étrange défaite'. Personne n'a compris pourquoi la droite les avait perdues quand Jacques Chirac a dissous l'Assemblée. Dans " Le Prix de la démocratie ", je montre que cette victoire de la gauche aux législatives est due, en partie, au fait qu'en 1995, les dons des entreprises aux campagnes électorales ont été interdits. En 1993, les candidats de droite ont été majoritairement financés par des dons des entreprises, ça a été très peu le cas pour les candidats de gauche. La dissolution prend les députés de droite par surprise, ceux qui dépendaient le plus des dons n'arrivent pas à compenser la baisse de recettes. Ils dépensent alors beaucoup moins que d'habitude, là où les candidats de gauche ne sont pas affectés. L'effet est assez fort statistiquement pour expliquer la défaite.
Quelle solution proposez-vous pour révolutionner le financement de la politique ?
Je propose des Bons pour l'égalité démocratique à distribuer chaque année. En restant sur le montant total des dons subventionnés par l'Etat à l'heure actuelle, divisé par l'ensemble des citoyens, je propose que chacun alloue 7 euros d'argent public au parti de son choix chaque année. Cela permet d'égaliser le financement public par personne, l'employé comme le cadre pèseront alors 7 euros chacun. De plus, les dons seront plafonnés à 200 euros, bien en-dessous des 7500 euros actuels. Ce montant correspond au maximum que donne un militant normal aujourd'hui. Il faut une réforme drastique si l'on veut mettre fin à la crise de la démocratie.
A 28 mn
- Younes Terre
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Date d'inscription : 07/04/2018
Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 9 Sep - 22:18
- Younes Terre
- Messages : 4510
Date d'inscription : 07/04/2018
Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Ven 21 Sep - 17:57
- Kalawasa
- Messages : 6063
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Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Sam 22 Sep - 9:39
La Chine, depuis le mois d'avril, ne prend plus nos déchets ...Ceci est une excellente nouvelle pour nous , car elle nous force à nous bouger le cul...!
- EddieCochran+
- Messages : 7133
Date d'inscription : 15/10/2017
Re: Autour de la collapsologie: "Comment tout peut s’effondrer"
Dim 23 Sep - 1:25
74 -
Vous voulez dire : à condition de les transformer en PQ !
Kalawasa qui ne chinoise pas sur la question a écrit:La Chine, depuis le mois d'avril, ne prend plus nos déchets ...Ceci est une excellente nouvelle pour nous , car elle nous force à nous bouger le cul...!
Vous voulez dire : à condition de les transformer en PQ !
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