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alande
alande
Messages : 252
Date d'inscription : 18/11/2017
Age : 58
Localisation : Caluire et Cuire

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Dim 8 Avr - 11:05
Ma maison, mon foyer, mon refuge et sanctuaire.


Ma maison se situe dans un territoire rural français. Dans un coin mi-sauvage et dont le plus proche village se trouve à 5 Km.
A sa sortie, il faut prendre une départementale, puis une route communale et enfin un chemin privatif traversant un bois constitué de chênes et châtaigniers.
Au bout de ce chemin, la maison se découvre enfin.


Les yeux se portent tout d'abord sur la tour avec son toit pointu en tuiles de lauze noirs avec à chaque étage, une fenêtre, mélange de vitraux et colonnes en pierre. A sa base, une porte en chêne, massive, surmontée d'une gargouille et dont le visage cornu est tourné vers le chemin. L'expression est interrogative : Qui vient en ces lieux ?


Tout en marchant sur le gravillon qui crisse à chaque pas, le regard se porte et découvre le corps de ma maison. Les mésanges aux alentours veillent et vous accueillent par des trilles chantantes et ordonnées. Votre intrusion ne peut être discrète. D'ailleurs, surgit Cerbère mon chien. D'un seul regard, il vous jauge, vous juge. Ami ou ennemi ?


C'est bon, il remue sa queue et avance vers vous. Je me fie à son instinct car je vois la scène de mon bureau au premier étage. Vous hésitez, marquez un temps d'arrêt tandis que Cerbère vous sens.
Puis, rassuré, il s'éloigne de vous et vous précède vers la porte non pas principale car il n'y en a pas mais celle menant à la cuisine. Il s'arrête sur le perron et se retourne. Vous êtes toujours immobile, ne sachant que faire. Cerbère vous regarde et aboie une fois. Le message est clair : " Bouge toi le cul, j'ai pas que ça à foutre ! ". Je souris tout en descendant l'escalier pour rejoindre la cuisine, la porte est ouverte. Cerbère m'aperçoit et me lance un regard désabusé : " Tu prends le relais ? ".


Sur le perron, je vous fais signe, heureux de vous voir. Soulagé, vous avancez à nouveau...

Alande
EddieCochran+
EddieCochran+
Messages : 7134
Date d'inscription : 15/10/2017

Textes en français Empty Re: Textes en français

Mar 10 Avr - 1:14
1 -

"ROMAIN GARY : LA PROMESSE DE L'AUBE : CHAPITRE 1 (Estrait)



Je l'ai vue descendre du taxi, devant la cantine, la canne à la main, une gauloise aux lèvres et, sous le regard goguenard des troufions, elle m'ouvrit ses bras d'un geste théâtral, attendant que son fils s'y jetât, selon la meilleure tradition.


J'allai vers elle avec désinvolture, roulant un peu les épaules, la casquette sur l'œil, les mains dans les poches de cette veste de cuir qui avait tant fait pour le recrutement de jeunes gens dans l'aviation, irrité et embarrassé par cette irruption inadmissible d'une mère dans l'univers viril où je jouissais d'une réputation péniblement acquise de « dur », de « vrai » et de « tatoué ».


Je l'embrassai avec toute la froideur amusée dont j'étais capable et tentai en vain de la manœuvrer habilement derrière le taxi, afin de la dérober aux regards, mais elle fit simplement un pas en arrière, pour mieux m'admirer et le visage radieux, les yeux émerveillés, une main sur le cœur, aspirant bruyamment l'air par le nez, ce qui était toujours chez elle un signe d'intense satisfaction, elle s'exclama, d'une voix que tout le monde entendit, et avec un fort accent russe :


- Guynemer ! Tu seras un second Guynemer ! Tu verras, ta mère a toujours raison !


Je sentis le sang me brûler la figure, j'entendis les rires derrière mon dos, et déjà, avec un geste menaçant de la canne vers la soldatesque hilare étalée devant le café, elle proclamait, sur le mode inspiré :


- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d'Annunzio, Ambassadeur de France- tous ces voyous ne savent pas qui tu es !


Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'armée de l'air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :


- Alors, tu as honte de ta vieille mère ?


D'un seul coup, tous les oripeaux de fausse virilité, de vanité, de dureté, dont je m'étais si laborieusement paré, tombèrent à mes pieds ; j'entourai ses épaules de mon bras, cependant que, de ma main libre, j'esquissais, à l'intention de mes camarades, ce geste expressif, le médius soutenu par le pouce et animé d'un mouvement vertical de va-et-vient, dont le sens, je le sus par la suite, était connu des soldats du monde entier, avec cette différence qu'en Angleterre, deux doigts étaient requis là où un seul suffisait, dans les pays latins - c'est une question de tempérament.


Je n'entendais plus les rires, je ne voyais plus les regards moqueurs, j'entourais ses épaules de mon bras et je pensais à toutes les batailles que j'allais livrer pour elle à la promesse que je m'étais faite, à l'aube de ma vie, de lui rendre justice, de donner un sens à son sacrifice et de revenir un jour à la maison, après avoir disputé victorieusement la possession du monde à ceux dont j'avais si bien appris à connaître, dès mes premiers pas, la puissance et la cruauté.""

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Il est des destins d'esseption qui nous enseignent à l'élévation et au courage.
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