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Didier Lallement
Jeu 12 Déc - 21:38
Didier Lallement, préfet de police de Paris, une main de fer dans un gant d’acier
Le tout-puissant préfet de police de Paris se prépare, comme Emmanuel Macron qui l’a choisi, au défi du 5 décembre. Portrait d’un homme qui se complaît dans le rapport de force.
Par Jean-Michel Décugis et Eric Pelletier
Le 30 novembre 2019 à 07h07, modifié le 30 novembre 2019 à 07h08
Même silhouette frêle, même allure déterminée. En le voyant fendre l'air, on pense à la sculpture de Giacometti « l'Homme qui marche ». Un fonceur, en perpétuel déséquilibre sur l'avant. Didier Lallement, le filiforme préfet de police de Paris, en poste depuis le premier jour du printemps, incarne le retour à l'ordre. Une scène, filmée le samedi 16 novembre, place d'Italie, a donné une soudaine notoriété au haut fonctionnaire. Dans cette vidéo, une sexagénaire, qui se définit comme Gilet jaune, demande pourquoi la police n'arrive pas à « arrêter les black blocs ». Didier Lallement la toise : « Mouais. Mouais […] Nous ne sommes pas dans le même camp Madââme. »
Un préfet a-t-il un camp? Défend-il le pouvoir ou incarne-t-il l'Etat? Pour cet écart, qui a provoqué la gêne jusqu'à l'Elysée, Didier Lallement n'a pas été recadré. En privé, l'intéressé assume : « Qui peut être surpris que l'ordre soit le contraire du désordre? » Les casseurs ont brisé la stèle en hommage aux troupes d'Afrique, attaque qu'il a vécue comme une blessure intime. Dans la même vidéo, le préfet, face au monument ravagé, évoque le destin de son « oncle » tombé en Italie à « Monte Cassino », bataille emblématique de la Seconde Guerre mondiale. Un proche précise que le héros est « le fils de sa grand-tante », enrôlé dans le « 3e régiment de spahis algériens de reconnaissance », mort pour la France, le 23 mai 1944, à Pico.
L'homme inspire la crainte dans les rangs de la République. Les nombreux interlocuteurs que nous avons rencontrés brossent, contre promesse d'anonymat, le portrait d'un grand méchant loup de la préfectorale, d'une brutalité inouïe dans les rapports humains, capable de « broyer » les carrières [/b]des puissants et dont souffre en silence le « petit personnel ».
Lecteurs sensibles s'abstenir. « Ce type est une lame. Brillant mais surtout tranchant », dit le plus nuancé. « [b]Ça fait quoi d'apprendre qu'on est viré ? » aurait-il un jour lancé à un directeur à qui il annonçait le limogeage. « Il vitrifie les gens avec ses blagues méprisantes. Il ne conçoit les relations qu'à travers le rapport de force. Tenez, il serait capable de s'engueuler avec son propre chat parce qu'il ne lui fait pas assez de place sur le canapé. Sans doute le résultat d'une cicatrice intime », avance un préfet qui a travaillé avec lui.
La fougue de ceux qui ont à prouver
Provocateur, Didier Lallement surjoue et se délecte de sa mauvaise réputation : « Je suis bien pire que ça… » Le fait de déployer autant d'énergie à 63 ans pour se faire détester mérite de s'y attarder un peu. On se dit qu'il y a forcément quelque chose à creuser dans son rapport à sa maman et/ou au pouvoir. De fait, Lallement n'avance pas avec l'assurance des bien-nés mais avec la fougue de ceux qui ont à prouver.
Il ne vient pas du grand monde. Sa mère était secrétaire de direction et son père technicien commercial à Lyon. Détenteur d'un DESS d'administration et de gestion des collectivités locales, il n'appartient d'ailleurs pas à la caste de l'ENA, ce qui lui a valu un début de carrière comme « simple » chef de bureau. Et pourtant, le voilà depuis le 21 mars titulaire du poste le plus envié de la préfectorale.
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Re: Didier Lallement
Jeu 12 Déc - 21:40
Son passage au ministère de l'Intérieur en tant que secrétaire général, entre 2012 et 2014, a marqué les esprits. Le haut fonctionnaire débarque alors dans les valises de Manuel Valls, qu'il tutoie depuis leurs jeunes années de militantisme au PS. Lallement, chargé de faire des économies, entretient des relations détestables avec les principaux directeurs, Claude Baland côté police et surtout Denis Favier, emblématique patron de la gendarmerie.
« Je me souviens d'un déjeuner glacial, dans les salons de Beauvau. Ils n'ont pas touché à leurs assiettes. Les mots étaient d'une violence inouïe », se souvient un convive. « Didier a carbonisé la mission par manque de diplomatie », tacle un ancien de l'Intérieur. Valls siffle l'armistice. Et son successeur Cazeneuve désigne la porte au tempétueux secrétaire général.
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Re: Didier Lallement
Jeu 12 Déc - 21:43
En 2004, Lallement part veiller sur la Saône-et-Loire, le département de Perben. Ce lien Perben-Lallement, qui s'est renforcé au fil des ans, est la clé de la nomination du second à la préfecture de police. Comme son mentor, l'ambitieux haut fonctionnaire s'est en effet rapproché d'Emmanuel Macron et de la République en marche. Les réseaux francs-maçons n'ont pas nui. Une source interne au Grand Orient de France confirme l'appartenance du préfet Lallement à l'obédience. De son côté, l'intéressé « ne souhaite pas commenter des allégations portant sur [sa] vie privée ».
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Re: Didier Lallement
Jeu 12 Déc - 21:46
Lallement, le nouveau préfet qui fait flipper les flics
Willy Le Devin, Ismaël Halissat, Eva Fonteneau
23/03/2019
A Paris, après le limogeage de Michel Delpuech, jugé trop laxiste, son successeur est entré en fonction jeudi. Qualifié de «fou furieux» par certains collègues, il devrait appliquer une stratégie de fermeté lors de l’«acte XIX» des gilets jaunes.
Des cris de joie déchirent les couloirs feutrés de la préfecture de Bordeaux. Lundi, deux jours après le saccage des Champs-Elysées par les gilets jaunes, les fonctionnaires girondins sont heureux. Ils viennent de l’apprendre, leur patron depuis 2015, Didier Lallement, est nommé à la tête de la préfecture de police de Paris, en remplacement de Michel Delpuech,
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Re: Didier Lallement
Jeu 12 Déc - 21:49
Lallement qu’il applique fermement la stratégie «de mobilité et d’interpellations», élaborée après les heurts très violents du 1er décembre. Le risque? Générer un nombre très important de blessures voire de mutilations chez les manifestants, via un recours débridé aux armes les plus controversées du maintien de l’ordre, comme les LBD 40 bien sûr, mais aussi les différents types de grenades (celles désencerclement ou les GLI-F4 composées de TNT). A Bordeaux, les affrontements entre les forces de l’ordre et les gilets jaunes ont d’ailleurs été très violents ces derniers mois. Deux personnes ont eu la main arrachée et plusieurs autres ont été sérieusement blessées par des tirs de LBD 40. Le 2 mars, c’est le député LFI Loïc Prud’homme qui a dénoncé les coups de matraque dont il a été victime en quittant pacifiquement un cortège des gilets jaunes. Une pétition a été lancée pour réclamer la tête du préfet. Lundi, Prud’homme a accueilli ainsi l’arrivée de Lallement à la tête de la préfecture de police de Paris: «Une prime au violent qui a échoué en Gironde!»
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Re: Didier Lallement
Dim 15 Déc - 14:55
EddieCochran+ a écrit:
Oui parfaitement, primo vous persistez dans l'engrangement des points Godwin et secundo ce faisant vous tombez davantage sous le coup de la Loi. Mais ça vous regarde, sans vous rendre plus crédible.
Vous étiez tous Charlie défendant le droit à la caricature et au blasphème , ou sont passé vos belle convictions ?
Mais puisse que vous en appelez au droit :
Didier Lallement : mépris des gens, mépris des lois.
19 novembre 2019Régis de Castelnau
Un garde chiourme sans état d’âme
L’aveu du préfet de police de Paris Didier Lallement filmé le 16 novembre a un énorme mérite, révéler la vérité d’un moment politique dans tous ses aspects. Répondant à une dame pacifique lui disant être gilet jaune, il ne va pas hésiter, lui le haut fonctionnaire qui devrait observer une neutralité républicaine, à proférer cette phrase de guerre civile : « nous ne sommes pas dans le même camp Madame ». Le tout en déployant une démarche chaloupée dont il doit penser qu’elle pose son homme, alors qu’elle est encore plus ridicule que celle d’Aldo Maccione qui lui avait le mérite de vouloir nous faire rire. Didier Lallement n’est pas là pour nous faire rire, il est là pour réprimer, pour intimider, et empêcher l’usage de la liberté constitutionnelle de manifestation. À ceux qu’Emmanuel Macron lui a désignés comme ennemis : « la foule haineuse ». Une petite visite sur YouTube permet de trouver un florilège de ses différentes interventions où alternent, déclarations martiales, coups de menton et rodomontades. Le préfet de police de Paris dont le prédécesseur débarqué avait été jugé trop respectueux des libertés publiques, y fait preuve d’une certaine franchise : il est là pour cogner. Rejoignant ainsi la cohorte d’aventuriers politiques ou d’aventuriers tout court qui entourent Macron et qui proviennent quasi-systématiquement du PS. Castaner, Ferrand, Belloubet, Le Drian, Griveaux, Benalla, Taché, Kholer, Emelien, Strzoda, Ndiaye, Guillaume, etc… etc… sont maintenant flanqués d’un garde-chiourme sans état d’âme.
Concernant les manifestations parisiennes du 16 novembre, commémoratives du premier anniversaire du déclenchement du mouvement social des gilets jaunes, il faut écouter la conférence de presse du préfet de police de Paris donnée le samedi après-midi pendant le déroulement des événements de la place d’Italie. On a d’abord un petit aperçu de la façon dont il conçoit le rôle de préfet de la république chargée du maintien de l’ordre. À 5’20’’ où on l’entend répondre de façon provocatrice à un slogan classique des gilets jaunes : « On est là, on est là ! Même si Macron ne le veut pas, nous on est là ! ». « Nous aussi nous sommes là, et nous serons toujours là » lance-t-il, confirmant ainsi sa conviction du nécessaire affrontement avec une partie du peuple français.
Une journée particulière
Il est nécessaire de revenir un peu en détail sur le scénario de cette journée particulière.
• Didier Lallement autorise une manifestation place d’Italie dont le départ est prévu à 14 heures. On peut déjà s’étonner du choix de cet endroit, qui est notoirement couvert de chantiers et donc garnis d’une floraison de matériels utilisables et d’importantes réserves de projectiles à utiliser par les casseurs en cas d’affrontement. Le maire du 13e arrondissement s’en était ouvert auprès de la préfecture de police et par conséquent auprès du préfet, en vain. Ensuite, il y a sur cette place un monument commémoratif militaire d’une certaine importance. Dont la profanation était un risque évident.
• Didier Lallement fait entourer cette grande place circulaire d’un important cordon de policiers. Les forces de l’ordre laissent la place se remplir, et en particulier ne prennent aucune mesure pour filtrer l’arrivée de manifestants dont l’allure et la tenue démontrent qu’ils n’ont rien à voir avec les gilets jaunes et qu’il y a tout à craindre de leur volonté de casser. Avant même le départ de la manifestation la « nasse est en place ». Et arrive ce qui était prévisible (prévu ?) le déclenchement d’incidents, de violences et de prise à partie par des éléments « incontrôlés ». Le tout sous le regard gourmand des télévisions à l’affût.
• Didier Lallement ordonne à ce moment l’utilisation des gaz lacrymogènes, des grenades GLI F4, et des LBD. Journalistes et manifestants pacifiques en sont victimes. Panique et confusion s’installent sur la place que les manifestants pacifiques cherchent à quitter, ce qui est rendu particulièrement difficile par la nasse des forces de l’ordre.
• Didier Lallement déclare alors que la manifestation autorisée étant devenue attroupement violent, est en conséquence interdite (!). Cette décision administrative ne peut pas être sérieusement portée à la connaissance des manifestants déjà sur la place. Du fait de l’interdiction soudaine et inconnue, les personnes pacifiques présentes, vont se retrouver sans le savoir dans la situation de « participation à une manifestation interdite », contravention punie d’une amende de 135 €. Le préfet de police prétend avoir fait installer par les forces de l’ordre un « canal d’évacuation » pour permettre de quitter la place. Outre que dans la confusion, il était très difficile à trouver, énormément de gens se seront fait verbaliser (!), d’autres interpellés, et une multitude empêchés de sortir. Et naturellement, pendant ce temps les « casseurs » pouvaient s’en donner à cœur joie sous l’œil des caméras, sans que les forces de l’ordre ne fassent de gros efforts pour les en empêcher voire les interpeller, comme l’ont constaté de nombreux témoins.
Se pose évidemment la question de la composition de ces fameux groupes dont on nous prétend qu’ils sont incontrôlés parce qu’incontrôlables. Cela ressemble fortement à une plaisanterie, lorsque l’on connaît les moyens de la police et l’utilisation historique des provocateurs dans les mouvements sociaux. Laisser casser pour effrayer le bourgeois et disqualifier un mouvement, c’est une très vieille histoire, qui peut aller jusqu’à faire prendre à des policiers ou des nervis, la place des vrais casseurs. J’en ai personnellement fait l’expérience au moment des grandes luttes de la sidérurgie. Se pose alors plus précisément la question de l’utilisation dans les manifestations de policiers appartenant aux Brigades Anti Criminalité (BAC), fonctionnaires sans uniforme, dont le maintien de l’ordre n’est pas le métier et qui adoptent systématiquement des comportements suspects. Il n’y a rien de complotiste là-dedans, car n’oublions pas ce que nous a révélé l’épisode Benalla et la présence dans les manifestations de civils armés et présentant les signes extérieurs d’appartenance à la police…
Le scénario du 16 novembre place d’Italie est suffisamment suspect pour envisager la possibilité d’une provocation destinée à disqualifier et criminaliser le mouvement des gilets jaunes. Ce ne serait ni la première fois, ni la dernière. Le comportement habituel du préfet de police et son attitude ce jour-là peuvent nourrir une lourde suspicion. Cela justifierait un travail d’enquête sérieux pour reconstituer exactement ce qui s’est produit. Il n’y a pas grand-chose à attendre des grands médias qui ont relayé la thèse policière, pas plus que du parlement pour des commissions d’enquête qui seraient justifiées. En revanche il serait naturel que la justice dont c’est le devoir se saisisse des infractions commises et ce d’autant que si ce scénario est établi, on est en présence d’une jolie collection.
Un florilège d’infractions
« La mise en danger délibérée de la vie d’autrui (article 223-1 du Code pénal) » tout d’abord, et qui est relative aux décisions prises par le commandement de la préfecture de police qui ont manifestement exposé manifestants, simples passants et policiers à des risques graves. L’interdiction brutale de la manifestation au moment où elle devait commencer et sans que les participants ne puissent le savoir constitue bien une violation d’une règle de sécurité, tel qu’indiquée dans le texte. L’interdiction d’une manifestation doit obéir à des motivations de sécurité publique, et non pas le contraire comme cela semble avoir été le cas.
« Complicité de dégradations volontaires de biens publics (articles 322-1 du Code pénal) » ensuite. Cela c’est pour avoir laissé les vrais casseurs ou les faux détruire le monument commémoratif de la campagne d’Italie. Cela mériterait un examen attentif, parce que soit le préfet de police a mal dirigé ses troupes et n’a pas été capable de protéger le monument (auquel cas sa démission s’impose), soit c’est délibérément que ces dégradations ont été ou organisées ou favorisées, et dans ce cas c’est de la complicité.
« Violences volontaires par autorités publiques (articles 222-9 à 222-13 du Code pénal) ». Ensuite toujours, compte tenu des blessures subies par des personnes manifestement pacifiques ou des journalistes, et dont la gravité a été manifestement provoquée par un usage totalement disproportionné de la force, il est indispensable de savoir ce qui s’est passé. Quels étaient les ordres et qui sont les auteurs de ces exactions. Le fait qu’elles aient été commises par des autorités publiques est une circonstance aggravante.
« Atteinte à la liberté par séquestration arbitraire effectuée par autorité publique (article 432-4 du Code pénal) ». Là, il s’agit de ces interpellations abusives et de ces gardes à vue illégales et sans motif visant à intimider, dissuader et punir tous ceux qui croiraient encore que la république française a toujours une constitution qui fait du droit de manifester une liberté fondamentale. Pour ces séquestrations, ce que sont ces gardes à vue illégales, le fait qu’elles soient ordonnées par un agent public est là aussi une circonstance aggravante.
« Délit de concussion (article 432-10 du Code pénal) » enfin, une petite gâterie pour compléter le palmarès. Que dit le texte : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, de recevoir, exiger ou ordonner de percevoir à titre de droits ou contributions, impôts ou taxes publics, une somme qu’elle sait ne pas être due, ou excéder ce qui est dû, est puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 €, dont le montant peut être porté au double du produit tiré de l’infraction. » Résumons : la manifestation était autorisée et les gens qui s’y sont rendus et se sont installés sur la place d’Italie le savaient. La décision d’annulation brutale ne pouvait dans ces circonstances être connue ou prévue des participants. À aucun moment les gens verbalisés dans le périmètre et autour de la place d’Italie ne peuvent avoir su qu’ils participaient à une manifestation interdite. Condition indispensable pour qu’ils aient commis l’infraction. Mais il y a plus, on ne sait rien des formes prises pour cette interdiction ce qui est encore plus grave car pèse ainsi sur elle la suspicion d’un « acte inexistant » privant de base légale tous les procès-verbaux. Didier Lallement devait le savoir parfaitement, mais tout à sa frénésie de répression et son zèle pour plaire au parti de l’ordre, il a probablement passé outre. Et fait percevoir des sommes qu’il savait ne pas être dues. C’est ça la concussion.
Alors qui peut enquêter sur ces faits et identifier les responsabilités pénales ou disciplinaires ? Spontanément on va se tourner vers le parquet de Paris, et son procureur, pour lui demander ce qu’il compte faire face à cette lourde suspicion d’infractions graves commises par des agents publics.
Oh, pardon, désolé. Le titulaire du poste est précisément celui qui, choisi par Macron lui-même, a organisé les fameuses « gardes à vue préventives» des gilets jaunes. Et apporté un soin particulier à la mansuétude judiciaire dont bénéficient les amis du président. Il est possible de nourrir quelques doutes sur sa célérité à faire son devoir d’autorité de poursuite de la République. Serait-il dans le même camp que Didier Lallement ?
En tout cas, celui-ci a eu le mérite de clarifier les choses, nous savons que définitivement nous ne serons pas dans le même camp que lui.
Régis de Castelnau
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Re: Didier Lallement
Sam 7 Mar - 23:50
Les pratiques «illégales» du préfet Lallement
7 mars 2020 Par Pascale Pascariello
Mediapart s’est procuré plusieurs notes de la gendarmerie nationale et de CRS qui remettent en question la légalité des ordres donnés par le préfet de police de Paris. « Des pratiques contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation » et « des emplois disproportionnés de la force » y sont pointés.
7 mars 2020 Par Pascale Pascariello
Mediapart s’est procuré plusieurs notes de la gendarmerie nationale et de CRS qui remettent en question la légalité des ordres donnés par le préfet de police de Paris. « Des pratiques contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation » et « des emplois disproportionnés de la force » y sont pointés.
- Spoiler:
- Mediapart s’est procuré plusieurs notes de la gendarmerie nationale et de CRS qui remettent en question la légalité des ordres donnés par le préfet de police de Paris. « Des pratiques contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation » et « des emplois disproportionnés de la force » y sont pointés.
Bien que vivement critiqué, le préfet de police de Paris Didier Lallement continue de bénéficier du soutien du ministre de l'intérieur Christophe Castaner qui affirmait le 19 février : « Il n’y a pas de problème Lallement. »
Une assertion qui est n'est pas partagée au sein de son propre ministère, loin s’en faut. Mediapart a en effet obtenu des notes émises par les plus hauts gradés de la gendarmerie nationale et de compagnies républicaines de sécurité (CRS), qui alertent solennellement sur l’irrégularité et la disproportion de l’usage de la force ordonnée par le préfet Didier Lallement.
Le 20 mars 2019, il y a presque un an, Didier Lallement a été nommé préfet de police de Paris, avec le soutien de l'Élysée. Et avec une nouvelle doctrine définie par le ministre de l'intérieur lui-même dans son discours d'intronisation : « Une stratégie de mobilité, de réactivité, de contact, d'interpellations » tout « en assumant. En assumant, oui, les risques que cela comporte ».
- La gendarmerie nationale, elle, n'assume plus:
- La gendarmerie nationale, elle, n'assume plus. Dans des notes de septembre 2019 auxquelles Mediapart a eu accès, de hauts responsables de la gendarmerie en charge du maintien de l'ordre jugent les pratiques du préfet Lallement, invitant ses troupes à « impacter » les manifestants, « légalement douteuses et aux conséquences politiques potentiellement néfastes » avant de conclure qu’elles sont« contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation en vigueur ».
Ayant pour objet « l’emploi de la Gendarmerie mobile au maintien de l’ordre au profit de la préfecture de police », ces documents font le bilan à la fois des ordres donnés en amont des journées de mobilisation et de leurs mises en œuvre sur le terrain.
Y est relatée une réunion du 20 septembre 2019, organisée à la préfecture en vue des opérations prévues le lendemain à Paris, pour encadrer la mobilisation des « gilets jaunes » et la marche pour le climat. En présence d’une vingtaine de personnes parmi lesquelles des commandants de police, des commissaires et des officiers, il est « clairement indiqué que l’on doit “impacter” les groupes ».
Ces directives de la préfecture de police consistant à « impacter » ont ulcéré des responsables de la gendarmerie engagés dans les opérations. Ils décrivent ces ordres d'aller au contact des manifestants sans nécessité apparente comme « volontairement dérogatoires aux dispositions des articles L 211-9 et au R 211-13 du CSI [code de sécurité intérieure] », selon lesquelles l’emploi de la force ne l’est qu’en absolue nécessité et la force déployée doit alors être proportionnée au trouble à faire cesser.
Non réglementaires, ces ordres ont cependant été mis en œuvre ainsi que le rapporte ce document. En effet, au lendemain de la réunion, le samedi 21 septembre, au cours des opérations de maintien de l’ordre, à Paris, il a été « constaté des emplois disproportionnés de la force, conformes aux directives de la veille ».
La suite des observations reste tout aussi préoccupante : « À plusieurs reprises, la PP [préfecture de police] a ordonné des manœuvres d’encagement, consistant à fixer l’adversaire. Ceci contrevient aux dispositions légales et réglementaires. » L’« encagement » est un dispositif habituellement employé pour encadrer un groupe de supporters et les conduire d’un point à un autre, afin d’éviter tous risques de heurts.
L'« encagement » est également appelé nasse. Ce système, utilisé par les forces de l’ordre, consiste à encercler un certain nombre de personnes et à les confiner. Il doit néanmoins laisser une échappatoire.
« L'encagement ou la nasse, précise une source proche du dossier, se font souvent en fin de manifestation pour procéder notamment à des interpellations. Il s'agit de fixer c'est-à-dire immobiliser dans un lieu, une rue ou une place fermée et quadrillée par des policiers. Mais ainsi qu’il est précisé dans le document de la gendarmerie nationale, « il convient dans toute opération de maintien de l’ordre de laisser une échappatoire à l’adversaire ». Or, selon le modus operandi du préfet, les manifestants sont parqués, « encagés » sans issue de sortie et les grenades de gaz lacrymogène y sont souvent massivement utilisées.
Les gendarmes responsables du maintien de l'ordre sont catégoriques : « De telles pratiques sont contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation en vigueur », citant non seulement le code de la sécurité intérieure mais également le code pénal.
Cette législation a d'ailleurs été rappelée par le ministère de l'intérieur à l'ensemble des responsables dont le préfet, dans un télégramme du 13 septembre 2019, précisant qu’en cas d’intervention, il est nécessaire de préserver pour les manifestants des « itinéraires de dispersion ou d’échappement ».
- Les conclusions de la gendarmerie sont sans appel:
- Les conclusions de la gendarmerie sont sans appel : telle qu'ordonnée par Didier Lallement, cette technique est « de nature à exaspérer la population et à nourrir un sentiment de défiance vis-à-vis du pouvoir et des forces de l’ordre » mais surtout elle est « susceptible de générer des mouvements de foule, potentiellement dangereux ».
Mais rien n'y fait : le préfet se dispense de respecter la législation ainsi que les consignes de son propre ministère. De facto, il met en danger les manifestants et place hors la loi les forces de l’ordre.
« Ça a commencé à dégénérer quand les Brav ont commencé à intervenir »
Un autre document que Mediapart a pu consulter, dénonce également la dangerosité de cette pratique. À la suite de la mobilisation des pompiers, du 15 octobre 2019, à Paris, un capitaine en charge d’un escadron de gendarmerie mobile (près de 70 hommes) rend compte des opérations : alors que les manifestants sont sur le pont de la Concorde et demandent « calmement de pouvoir quitter les lieux », écrit-il, ils se retrouvent bloqués d’un côté par les gendarmes et de l’autre par une unité de police, « qui plus est avec usage de gaz lacrymogène ».
Sans aucune possibilité de pouvoir s’extraire « certains individus commencent à enjamber la rambarde du pont pour contourner le barrage se mettant ainsi en danger au dessus-de la Seine ».
Finalement, pour « éviter un accident », le chef d’escadron désobéit aux ordres du préfet : il décide d' « escorter [les manifestants] jusqu’au métro ». Un choix dicté par le fait que « l’objectif tactique » initial avait « provoqué une dégradation de la situation », les manifestants « étant enfermés sans aucune issue ». De plus, « l’usage de gaz » avait eu l’effet « logique et prévisible de faire monter la tension alors même que le dialogue était établi. »
- Afin d’éviter qu’un manifestant ne tombe dans la Seine, ce gendarme a donc contourné les ordres de la préfecture.:
- Afin d’éviter qu’un manifestant ne tombe dans la Seine, ce gendarme a donc contourné les ordres de la préfecture.
Interrogé par Mediapart, un haut fonctionnaire de police, spécialiste dans le maintien de l’ordre et destinataire de cette note, rappelle « que le système d’encagement est non seulement contraire au règlement mais surtout au droit de manifester. » Puis commente le refus d’obéir du chef d’escadron : « Notre code de déontologie prévoit que l’on puisse désobéir si l’ordre est jugé illégal ou dangereux. Mais c’est très rare que ce soit appliqué, surtout face au préfet. »
Le problème soulevé par ce document « est grave. Le contact avec les manifestants et le recours à la force doivent être l’ultime réponse. Si cet emploi n’est pas justifié, il est absolument illégal. Non seulement on a un préfet qui donne des ordres contraires à la réglementation. Mais si personne ne lui dit rien, sa stratégie fait tache d’huile et devient le modèle. C’est très dangereux et on n’est pas loin d’un drame comme Malik Oussekine avec de telles pratiques » déplore-t-il.
Un autre écrit interne à une unité de CRS pose la question des ordres donnés aux Brav, brigades de policiers à moto, justement interdites depuis le décès de Malik Oussekine le 6 décembre 1986 et qui depuis le 9 février 2019, ont fait leur réapparition.
Faisant suite à la journée de mobilisation des gilets jaunes du 18 janvier 2020 à Paris, le témoignage d’un CRS est éloquent. « On ne compte plus les gazages (par la PP [préfecture de police]) », lui-même étant « phytoxé [gazé]à deux reprises ».
Il explique avoir encadré les manifestants le long des « 13,8 km de parcours », « les black blocs ne bronchaient pas. Ça a commencé à dégénérer quand les Brav ont commencé à intervenir ». A la fin de la manifestation, à la gare de Lyon, « les Brav se sont mis à foncer dans le tas. […] C’est incroyable de foncer dans le tas comme ça alors que ce n’était pas conflictuel », poursuit-il par écrit.
Échangeant sur une messagerie interne partagée entre CRS, le ton de ce policier est sans retenu : « La manière d’agir des Brav démontre soit un manque d’expérience, soit un manque de lucidité soit des ordres à la con. »
Avant de conclure, que parmi les manifestants, « il y avait du cassos [cas social] mais quasiment pas de casseurs. Et les brav ont chargé gratos », regrettant de devoir finir cette journée plus tard que prévu, la charge des Brav ayant provoqué des affrontements. « Ils ont bien reçu l’ordre de quelqu’un de charger. Alors le mec qui a décidé ça, collègue ou pas, c’est un âne. »
Contactés par Mediapart, d’autres CRS font le même constat. L’un d’entre eux, ne souhaite pas incriminer les Brav mais « c’est la doctrine actuelle de maintien de l’ordre qui est problématique. Les Brav sont souvent des jeunes sortis d’école et ils manquent d’expérience. C’est facile de leur demander d’appliquer des ordres qui sont d’interpeller à tout va sans discernement. Du coup, ils chargent et matraquent souvent sans raison. »
Le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité répondre à nos questions. Tandis que la préfecture de police de Paris nous a simplement informés qu’elle se réserve « la possibilité de faire un "droit de réponse" selon le contenu de l’article ».
Ainsi que le signalait la gendarmerie dans sa conclusion, les ordres du préfet sont susceptibles, par leur violence et leur illégalité, d’exaspérer la population. Le 22 février, au salon de l’agriculture, une gilet jaune, contrôleur de gestion dans la finance, interpelle le président Emmanuel Macron sur les forces de l’ordre. « Je me prends des grenades de désencerclement. Je vis la guerre tous les samedis. (…) Ça va mal finir » déplore-t-elle, avant de demander au président de « calmer les forces de l’ordre. »
Se faisant le porte-parole des syndicats de police, le président lui rétorque que les policiers « sont épuisés », justifiant ainsi leurs dérives. Mais, qu’en est-il, alors, lorsque les forces de l’ordre, elles-mêmes, estiment que les ordres sont illégaux ?
D’autant que la cour d’appel de Lyon a déjà estimé qu’une nasse constituait une possible infraction. Le 25 octobre 2018, la chambre de l’instruction a en effet demandé à ce que soit mis en examen l’ex-préfet du Rhône Jacques Gérault et l’ancien directeur départemental de la sécurité publique, Albert Doutre pour « atteinte arbitraire à la liberté individuelle », « privation de liberté illégale » et « entrave concertée à la liberté à la liberté d’expression et de manifestation. »
Cette décision fait suite à une plainte déposée le 21 janvier 2011 par 16 personnes et 19 associations, pour avoir été, lors de la manifestation contre la réforme des retraites le 21 octobre 2010, retenues et encerclées par des policiers sur la place Bellecour, pendant plus de 6 heures. Après plusieurs désaccords entre magistrats, un nouveau président de la chambre de l’instruction a finalement décidé d’un non-lieu, qui est toujours contesté en justice.
Le préfet de police de Paris est lui-même déjà visé par une plainte pour « atteinte à la liberté individuelle » et « complicité de violences volontaires aggravées ». Cette plainte a été déposée le 20 novembre 2019 par Manuel, gilet jaune éborgné par une grenade lacrymogène (MP7), le 16 novembre à Paris.
Ainsi que cet intérimaire l’a raconté à Mediapart, ce jour-là, au moment où il est blessé, accompagné de sa femme, il tente de se réfugier « où il n’y avait pas d’affrontements. Les policiers avaient bloqué toute la place [d’Italie]. On tentait d’en sortir mais on s’épuisait parce que dès qu’on se rapprochait d’une issue, ils nous envoyaient des gaz lacrymogènes. On a donc décidé d’attendre dans un coin plus calme. On était d’ailleurs en train de discuter et de se demander avec un street medic pourquoi ils avaient choisi de nous bloquer sur une place (...). C’était dangereux et je n’avais qu’une envie : c’était partir et protéger ma femme. »
Contacté par Mediapart, l’avocat de Manuel, Arié Alimi, rappelle que « la nasse telle qu’elle est ordonnée par le préfet Lallement constitue une infraction pénale. Elle est d’une gravité extrême en particulier lorsqu’elle est suivie de gazage et de tirs de lanceur de balles de défense sur les manifestants piégés. C’est justement ce qui est arrivé à Manuel. »
- Younes Terre
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Re: Didier Lallement
Sam 7 Mar - 23:57
Non réglementaires, ces ordres ont cependant été mis en œuvre ainsi que le rapporte ce document. En effet, au lendemain de la réunion, le samedi 21 septembre, au cours des opérations de maintien de l’ordre, à Paris, il a été « constaté des emplois disproportionnés de la force, conformes aux directives de la veille ».
J'y étais en première ligne et c'était vraiment du n'importe quoi ce qu'on fait les FDO ce jour là ! Il se sont mis en danger en fonçant dans le tas ce sont retrouvé en panique au millieu de la foule ...De l'autre ils ont créé des mouvements de foule , tous ces bobo parisiens venus avec leurs enfants et leur poussettes pour une gentille manif pour le climat ...
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- Younes Terre
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Re: Didier Lallement
Lun 9 Mar - 19:20
“Un nazi”: quand Alain Juppé parlait de Didier Lallement, le préfet de police de Paris
Lundi 9 mars 2020
Raillé à nouveau par les révélations de Mediapart et sa répression des militantes féministes lors de la manifestation du 8 mars, le préfet Lallement semble faire l’unanimité contre lui, jusqu’au réputé placide Alain Juppé, qui le qualifiait de « nazi ».
Lorsqu’en novembre 2017, le maire de Bordeaux apprend la nomination de Didier Lallement à la tête de la préfecture de Gironde, celui-ci décroche aussitôt son téléphone. Allô Dominique Perben ? L’ex-Garde des Sceaux, proche de celui qui était jusqu’alors Conseiller maître à la Cour des Comptes, écoute les doléances d’un Juppé ragaillardi par la nouvelle : « Dis-donc, il parait qu’on m’envoie un nazi ? » ironise l’ancien Premier ministre. Perben s’esclaffe, mais n’en démord pas, s’évertuant à lui démontrer la qualité de son protégé, croit savoir Le Monde.
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Si j'en crois Mab Valeurs Actuelles est un journal compétent pour ce qui est du nazisme , et Juppé quelqu'un de bien !
- Younes Terre
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Re: Didier Lallement
Jeu 25 Juin - 21:02
Le Préfet Lallement affirme ne pas avoir « trouvé les organisateurs » des manifestations nocturnes de policiers
Didier Lallement a été interrogé dans le cadre de la « commission d’enquête parlementaire sur les obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire ». Le député de la France Insoumise, Ugo Bernalicis, qui préside cette commission, a questionné le Préfet de Police sur la façon dont il gérait les manifestations organisées malgré l’interdiction de la Préfecture.
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